
Interview de Mélanie, cancer du sein
Comment avez-vous découvert ce cancer du sein ?
Tout a commencé avec une douleur, quelques jours avant mes règles. Pour moi, rien d’anormal : c’était hormonal. C’était en août 2024.
En septembre, les douleurs persistent, localisées sur un seul sein. Je ne m’inquiète pas. Je sens un durcissement, mais je pense que ça va passer.
En octobre, la douleur s’intensifie. Au toucher, je ressens une plaque dure. Je décide de consulter. Mon médecin confirme un durcissement et déclenche immédiatement le protocole : échographie, mammographie, biopsie.
Quel a été le diagnostic ?
Trois semaines plus tard, mammographie, échographie, puis biopsie. L’échographe me dit qu’elle sent quelque chose, mais attend les résultats. Huit jours passent, pleins d’incertitude.Le jour du rendez-vous, j’entends la secrétaire au téléphone dire mon nom suivi du mot “chimiothérapie”. L’échographe m’annonce que la tumeur est bien cancéreuse, hormonodépendante et HER2 positive. Le mot « cancer » ne m’a pas fait réagir, mais celui de « chimiothérapie » m’a effondrée.
Comment avez-vous réagi ?
Je suis restée comme détachée de mon corps. J’ai appelé mes proches, tous au courant de ce rendez-vous. J’avais peur pour eux, de leur annoncer ça. Mais très vite, j’ai voulu comprendre, chercher, être actrice de ce qui allait suivre.
J’ai cherché sur internet, les réseaux sociaux, dans des livres. Cela m’a aidée à comprendre mon compte-rendu, les termes médicaux, et à mieux me préparer.
Comment se sont déroulés les traitements ?
Les deux semaines avant la chimiothérapie ont été très dures. J’ai vu l’oncologue, le cardiologue, passé un TAP scan pour voir si le cancer avait migré. J’avais mal dans tout le côté droit, je somatisais. Quand on m’a dit que le cancer était localisé, les douleurs sont parties. Le corps parle.
La chimio a commencé en novembre. Aujourd’hui, en mars, j’en suis à ma dernière. Ensuite, je vais avoir une mastectomie avec reconstruction immédiate, de la radiothérapie en juin-juillet, de l’hormonothérapie sur 5 à 10 ans, et une thérapie ciblée toutes les 3 semaines jusqu’en janvier 2026.
J’avance un pas à la fois. Une étape après l’autre. Je me concentre sur chaque phase sans penser à tout le protocole d’un coup.
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la maladie ?
Malgré la difficulté, j’essaie de cultiver du positif. Cette maladie est là, je ne peux pas la changer. Mais je peux choisir la façon dont je la vis. J’apprécie davantage chaque moment. Je prends soin de moi : bons petits-déjeuners, maquillage, soins, même si l’apparence change.
Je m’informe sur l’alimentation, le sport, je fais de cette maladie une sorte de renouveau. Je suis une autre personne depuis. C’est une parenthèse de vie pour mieux me recentrer et prendre soin de mes proches.
Vous avez aussi créé un compte Instagram. Pourquoi ?
Je suis soignante. Passer du côté patient a été un choc. Je me suis demandé comment continuer à aider. J’ai d’abord créé un compte Instagram pour donner des nouvelles à mes proches, puis j’ai eu envie de partager mon parcours, mes astuces, mon alimentation, tout ce qui peut aider les autres.
Ce compte me permet d’échanger avec d’autres femmes malades. Certaines ont déjà vécu ça, d’autres commencent. On se soutient mutuellement. Je retrouve un peu mon rôle de soignante grâce à ce compte.
Quel conseil aimeriez-vous transmettre ?<
D’accepter chaque émotion. Il y a des jours où on se sent bien, où on pense être guérie, et d’autres où ça ne va pas du tout. C’est normal. Il faut tout accueillir.
Ce que je retiens, c’est que tout est passager. Même les moments les plus durs. Il y aura toujours des jours meilleurs.
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