
Obésité – Témoignage de Guillaume Pourcher – Chirurgien de l’obésité
Bonjour, Guillaume Pourcher. Je suis chirurgien de l’obésité et aussi chirurgien digestif. J’ai la chance aussi de travailler avec l’Académie Nationale de Chirurgie en tant qu’archiviste bibliothécaire, donc avec une relation à notre histoire chirurgicale.
L’obésité est une maladie
L’obésité c’est une maladie, et on ne le redira jamais assez. Il faut absolument reconnaître, et voir ce problème qui est visible, comme une vraie maladie. Malheureusement, en France, même si beaucoup de choses sont déjà en place, ce n’est pas encore reconnu comme une maladie, et un combat est mené avec les associations de patients, avec un certain nombre de collègues et de confrères. C’est primordial. C’est un enjeu immédiat.
Ce n’est pas de sa faute
Donc c’est une maladie, c’est-à-dire que ce n’est pas de sa faute. Une maladie, il faut la prendre en charge. Il y a beaucoup de choses à mettre en place autour, on va en reparler.
Les causes de l’obésité
Comme l’obésité est une maladie, il y a des causes et des facteurs aggravants. […]
1. Causes génétiques / épigénétiques : complexes, encore mal comprises.
2. Causes hormonales : dérèglements liés aux sécrétions d’hormones.
3. Le microbiote : les bactéries présentes dans notre corps influencent fortement la santé.
4. Traumatismes psychiques : violences, deuils, harcèlement, dépression…
Les facteurs aggravants
– L’alimentation : qualité, quantité, rythme des repas.
– Le manque d’activité physique : on ne bouge pas assez.
– Le sommeil : mal dormir favorise la prise de poids.
– La gestion des émotions : manger pour se consoler.
– La discrimination : le regard des autres aggrave la maladie.
Le dépistage de l’obésité
Il suffit de calculer son IMC. Si supérieur à 30 : obésité simple. Si supérieur à 35 : il faut consulter. Il est essentiel d’être accompagné, car on ne peut pas s’en sortir seul dans les formes sévères.
Pourquoi il ne faut plus parler de « régime »
Le mot « régime » est stigmatisant. Il faut parler de mieux manger, de rééducation alimentaire. Les régimes drastiques créent du stress, ce qui aggrave la maladie et conduit souvent à une reprise de poids.
Les traitements chirurgicaux
Encadrés en France par la HAS. Trois principales techniques :
– Anneau gastrique : peu adapté car il ne traite pas les causes.
– Bypass : modifie le circuit digestif, très efficace mais nécessite un suivi à vie.
– Sleeve gastrectomie : l’estomac devient un tube, très pratiquée et efficace.
Les risques de la chirurgie
Infections, hémorragies, thromboses : à surveiller de près. Signes à repérer : fièvre, tachycardie, douleurs persistantes. Réagir vite.
Un accompagnement global et durable
Suivi pluridisciplinaire obligatoire (psychologue, nutritionniste, coach APA…). Quand bien accompagné, les résultats sont excellents. Diminution du risque de mortalité de 40 à 60 %.
Un risque de récidive, mais un réel bénéfice
40 % des personnes opérées reprennent du poids à long terme. Ce n’est pas un « échec » mais une maladie chronique qui peut se réactiver. Le bénéfice reste là, surtout si la personne est suivie.
L’obésité, une épidémie transmise
L’obésité se transmet par des facteurs biologiques, sociaux et comportementaux. Une personne opérée transmet moins la maladie à ses enfants. Il faut dépister, déculpabiliser et soigner pour enrayer l’épidémie.
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