
Sexualité et cancer
Avoir un cancer peut perturber l’image que nous avons de nous-même. Mais un cancer peut aussi perturber notre vie sexuelle et notre rapport à l’autre. Sexualité et cancer : Céline Vendé, sexologue et thérapeute de couple vous en dit plus…

Je suis Céline Vendé, je suis sexologue et thérapeute de couple. Je me suis formée auprès du Docteur Jacques Waynberg à l’Institut de Sexologie. D’approche humaniste, j’accompagne toutes les personnes ainsi que les couples en quête d’épanouissement intime. Je me suis spécialisée dans l’accompagnement des femmes atteintes de pathologies impactant leur sexualité. Comment se sentir bien dans son corps et développer une sexualité épanouie tout en ayant une endométriose ou un cancer ? Je prends en charge également les couples en parcours PMA faisant face à des difficultés liées à l’infertilité. Mon cabinet est situé à Bordeaux et je consulte également en visioconférence.
Qu’est-ce que la sexologie ?
La sexologie est l’étude pluridisciplinaire de la sexualité humaine et de ses manifestations. Elle étudie différents aspects de la sexualité : le développement sexuel, les rapports érotiques et sexuels, les comportements sexuels ainsi que les relations affectives qui en découlent. Elle prend en compte les aspects physiologiques, psychologiques, médicaux, sociaux et culturels. De nombreuses études démontrent le lien entre la sexualité et la santé générale de l’Homme. L’activité sexuelle stimule notamment la production d’hormones bénéfique au maintien de la santé.
Le cancer et ses traitements entraînent souvent des dysfonctionnements sexuels qui peuvent perdurer plusieurs mois après la fin des soins. 40 % des effets secondaires du cancer, toutes localisations confondues, concernent la sexualité, les malades, ne sont pas préparés à cela. En effet, les médecins ne sont pas spécialement formés pour parler de sexualité et ils peuvent être mal à l’aise pour le faire. Un véritable tabou persiste et, si le patient n’évoque pas lui-même les difficultés qu’il rencontre à avoir ou à retrouver une sexualité satisfaisante, son médecin ne lui en parlera pas forcément spontanément. Certains spécialistes ont aussi le sentiment de parler de sexualité, alors qu’ils évoquent simplement des questions de procréation, ce qui est très différent.
Tenir compte de la qualité de vie pendant et après le traitement de la maladie est indispensable. La sexualité fait partie de la qualité de vie.
Il est nécessaire d’avoir une approche pluridisciplinaire et pédagogique intégrant le malade et le partenaire.
Le malade face à sa sexualité : diminution de libido
L’irruption du cancer dans le parcours de vie modifie les priorités dans la vie du patient et de son partenaire. Les malades et les couples sont mal préparés à faire face à la perte de leur sexualité, d’autant plus s’ils sont jeunes. Les besoins, les attentes et les demandes pourtant réels sont peu au pas exprimés.
Les séquelles des cancers (pendant et après) sur la vie sexuelle des patients peuvent être importantes : diminution de la libido, diminution de la capacité à avoir un orgasme, diminution de la fréquence des rapports. Toutes les fonctions sexuelles peuvent être concernées : troubles érectiles, libido, désir, sécheresse vaginale, dyspareunie, anéjaculation, …
A cela s’ajoute la prévalence de la fatigue (déjà une cause quand tout va bien), des troubles du sommeil, de l’humeur, des douleurs, des nausées, …
La satisfaction de la vie intime pendant et après un cancer dépend de plusieurs facteurs. Déjà cela dépend du niveau antérieur de l’activité sexuelle et de sa qualité. Et parfois, le cancer n’est pas la cause des dysfonctionnements, cela ne fait que révéler une sexualité qui n’était déjà pas épanouie avant. Cela dépend aussi de l’hygiène de vie qui implique une activité physique adaptée associée à un régime alimentaire type méditerranéen et bien sûr à une activité intime et sexuelle adaptée.
De plus, les impacts identitaires sont importants sur l’image du corps, l’estime et la confiance en soi et en l’autre, attractivité sexuelle. L’état physique et psychologique du patient va influencer sa disponibilité et sa réceptivité sexuelle ce qui renvoie aux questions de la désirabilité et de la séduction.

Sexualité et cancer : Comment gérer la frustration de mon.ma conjoint.e ?
Tout d’abord, chez l’accompagnant aussi, un changement de statut s’effectue : il est le conjoint d’un malade, il est le proche-soignant et le partenaire intime.
Dans la grande majorité des cas, le partenaire se montre très compréhensif face aux limites qu’impose la maladie. Il est d’ailleurs fréquent que la frustration provienne de la crainte du patient lui-même de ne pas satisfaire son partenaire plutôt que l’inverse. La communication est essentielle afin de rappeler à l’autre ce qui est important en termes de besoins et d’envies. Tout en tenant compte de ses propres limites. Cela peut être la possibilité de faire les choses différemment avec la même finalité : passer du bon temps ensemble. Le partenaire peut aussi culpabiliser de ressentir du désir, de l’excitation sexuelle voir de la frustration. Là encore, il est essentiel de communiquer pour éviter l’éloignement des partenaires. Il faut se faire accompagner pour cela si besoin.

Comment entretenir la flamme malgré la maladie : cancer ?
Il est avant tout primordial d’identifier comment la sexualité est vécue individuellement par le malade et en couple. On va interroger le patient sur la perception qu’il a de son corps. On va s’attacher à identifier l’origine de la dysharmonie sexuelle : provient-elle du partenaire, du patient lui-même, du contexte conjugal ?
Il s’agit aussi de rassurer le patient sur la normalité : avoir moins de désir sexuel avec son partenaire et de disponibilité affective avec son entourage est normal, l’expliquer au partenaire.
Dans le contexte de la maladie, entretenir la flamme ne signifie pas « performance » sexuelle mais plutôt :
- Privilégier l’intimité et la tendresse dans le couple : exploration d’une intimité physique nouvelle, plus fragile, moins génitale (apprivoiser le fait de se toucher en dehors des sentiers balisés de la performance sexuelle).
- Préserver le contact physique, la sensibilité par rapport aux caresses mais aussi les mots doux.
- Lors des relations intimes préparer l’environnement : relaxation, musique, bougie, utilisation de gels lubrifiants et pourquoi pas des jouets ou accessoires adaptés.
Tout doit être mis en œuvre pour redonner au couple confiance et sérénité, après l’ébranlement provoqué par l’annonce du cancer.
Pour se retrouver physiquement, le patient et/ou son partenaire ont besoin d’encouragements !
Sexualité et cancer : L’importance de l’épanouissement sexuel solitaire
L’épanouissement passe par le fait de se réapproprier son corps. L’image de son corps et de sa désirabilité et cela peut prendre du temps, parfois des années. Pour cela, il peut être important de se faire aider, par un sexologue, psychologue, coach.
On peut déjà conseiller de se reconnecter à son corps au travers du toucher en pleine conscience. Cette façon de recréer du lien avec son corps au travers du toucher pourra notamment permettre d’adoucir les éventuels blocages. Cela se traduit par un toucher doux et bienveillant. Des caresses qui peuvent aussi être des caresses intimes pour un moment d’auto-érotisme.
FAQ : Sexualité et Cancer
Le cancer et ses traitements impactent souvent la vie intime et sexuelle. Parler de ces difficultés est une étape essentielle pour retrouver une qualité de vie satisfaisante.
Quel est l’impact général du cancer sur la sexualité ?
L’impact est multifactoriel :
- Psychologique : Baisse de l’estime de soi, altération de l’image corporelle (cicatrices, perte de cheveux, stomie), anxiété et dépression liées à la maladie.
- Physique : Fatigue intense (première cause de baisse du désir), douleurs, effets secondaires des traitements.
- Relationnel : Changements dans la dynamique du couple et peur d’être rejeté par le partenaire.
Quels troubles sexuels spécifiques sont fréquents ?
Les troubles sont variés et souvent temporaires :
| Chez la femme | Chez l’homme |
| Baisse de la libido/désir (due à la fatigue ou aux hormones). | Baisse de la libido/désir (due à la fatigue ou aux hormones). |
| Sécheresse vaginale et atrophie vaginale (souvent avec l’hormonothérapie/ménopause). | Troubles de l’érection (liés à la chirurgie ou la radiothérapie pelvienne). |
| Douleurs lors des rapports (dyspareunie). | Troubles de l’éjaculation ou de l’orgasme. |
Les traitements affectent-ils la fonction sexuelle ?
Oui, notamment :
- Chirurgie : Les opérations touchant les organes génitaux ou pelviens (prostate, utérus, côlon/rectum) peuvent endommager les nerfs ou les vaisseaux impliqués dans la réponse sexuelle.
- Hormonothérapie : Elle réduit souvent la production d’hormones (œstrogènes ou testostérone), entraînant une baisse du désir et une sécheresse vaginale ou des difficultés d’érection.
- Radiothérapie : Sur la zone pelvienne, elle peut causer des lésions des tissus, des douleurs ou des troubles érectiles (souvent progressifs).
- Chimiothérapie : Bien qu’elle n’affecte pas directement l’érection, la fatigue et les nausées qu’elle provoque diminuent fortement l’intérêt pour la sexualité.
Est-ce dangereux d’avoir des rapports sexuels pendant le traitement ?
- Récidive : Non, il n’y a aucun lien entre la reprise d’une activité sexuelle et une récidive du cancer.
- Transmission : Le cancer n’est pas transmissible au partenaire.
- Précautions : Il est fortement recommandé d’utiliser des préservatifs pendant la chimiothérapie, car des traces de médicaments peuvent se retrouver dans les fluides corporels (sperme, sécrétions vaginales).
Que faire pour retrouver une sexualité satisfaisante ?
- Osez en parler : Abordez le sujet avec votre équipe soignante (médecin, infirmière) qui peut vous orienter. Les troubles sexuels sont des soins de support légitimes.
- Dialogue dans le couple : La communication est essentielle. Parlez de vos peurs, de vos douleurs et de vos envies avec votre partenaire. Redéfinissez l’intimité (câlins, caresses, sensualité) au-delà de la pénétration.
- Solutions physiques :
- Utilisez des lubrifiants et hydratants vaginaux (à base d’eau ou de silicone) en cas de sécheresse.
- Adaptez les positions pour éviter la douleur.
- Pour les troubles de l’érection, des traitements médicamenteux (pilules, injections) ou des appareillages existent.
Où trouver de l’aide spécialisée ?
- Onco-sexologue : Un professionnel spécialisé dans la gestion des problèmes sexuels liés au cancer (individuellement ou en couple).
- Psychologue / Psycho-oncologue : Pour l’aide à la gestion de l’image corporelle, du désir et de l’anxiété.
- Physiothérapeute/Kinésithérapeute : Peut aider en cas de douleurs ou de sécheresse (exercices du plancher pelvien, massages).
Le message clé : La santé sexuelle fait partie de la qualité de vie et il existe des solutions pour presque toutes les difficultés.


