troubles du comportement alimentaire - diététicienne
Alimentation, activité physique, sommeil,  Bien-être et santé mentale

Soigner ses troubles du comportement alimentaire

Comment un diététicien peut aider à soigner les troubles du comportement alimentaire ? Quels sont les différents TCA et comment les expliquer ? Quels sont leurs impacts ? Levons le voile sur ces troubles avec Karine Persico, diététicienne.

Portrait de Karine Persico

Diplômée du BTS diététique après une reconversion professionnelle, puis d’un DU en Psychologie et Pédagogie du Comportement Alimentaire, j’exerce aujourd’hui une profession qui fait vraiment sens pour moi : accompagner mes patients vers plus d’équilibre et de sérénité.

Afin d’aider toujours davantage mes patients, je continue à me former régulièrement : Thérapie de l’Acceptation et de l’Engagement (ACT), Thérapie Comportementale et Cognitive (TCC), image corporelle, suivi des enfants et adolescents en surpoids ou obésité
Egalement formée aux TCA, je peux accompagner des patients souffrant de divers Troubles du Comportement Alimentaire (anorexie, boulimie, hyperphagie…).

Le conseil que je donne à mes patients : « Nous n’avons qu’un seul corps. Et si nous apprenions à le respecter et à le considérer avec bienveillance… ».

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Que sont les TCA ou Troubles du Comportement Alimentaire ?

L’acte de manger s’inscrit dans une fonction instinctive, indispensable à notre survie. Nos mécanismes de régulation énergétique et nutritionnelle nous permettent d’assurer l’homéostasie de notre organisme, c’est-à-dire de maintenir notre organisme dans un juste équilibre.

Ces mécanismes de régulation sont influencés par divers facteurs : notre physiologie, notre psychologie, notre environnement (notre culture, notre éducation, la société…).

Un médecin chez vous, où que vous soyez.

Nous parlerons de troubles du comportement alimentaire si des perturbations significatives et durables des prises alimentaires apparaissent, entraînant des conséquences médicales, psychologiques et sociales.

Les TCA toucheraient 5 à 8 % de la population. L’anorexie et la boulimie touchent essentiellement les femmes (80 à 90 %) jeunes (adolescentes et jeunes adultes). L’hyperphagie boulimique semble quant à elle toucher presque autant les hommes que les femmes, et débuter plus tardivement.

troubles du comportement alimentaire

Pour l’anorexie et la boulimie, le taux de rémission complète varie entre 50 à 70 %. On note un risque de développer une forme chronique de ces pathologies (20 à 30%).

La classification DSM-5 de l’American Psychiatric Association reconnait différentes catégories de TCA et en définit également les critères diagnostic.

L’anorexie mentale

Ce trouble se caractérise par :

  • Une réduction drastique et volontaire des apports alimentaires par rapport aux besoins, conduisant à une insuffisance pondérale  (c’est-à-dire un poids significativement inférieur au minima attendu pour l’âge, le sexe, le stade de développement…)
  • Une peur de grossir et une perception perturbée de son image corporelle
  • Une perturbation de l’estime de soi.

L’anorexie peut prendre deux formes différentes. Une forme restrictive pure ou une forme avec des crises boulimiques avec phénomènes compensatoires (vomissements ou comportements purgatifs).

La boulimie nerveuse

La boulimie se manifeste par :

  • Des épisodes récurrents de crises (au moins une fois par semaine pendant une période de trois mois) : absorption d’une très grande quantité de nourriture en un temps très court avec un sentiment de perte de contrôle
  • Des comportements compensatoires afin de contrôler son poids (vomissements, laxatifs, activité physique intense, jeûne…)
  • Une perturbation de l’estime de soi

L’hyperphagie boulimique

Dans ce trouble, on notera :

  • Des épisodes récurrents (au moins une fois par semaine pendant une période de trois mois) de crises de boulimie (absorption d’une très grande quantité de nourriture en un temps très court) avec un sentiment de perte de contrôle, associés à au moins trois des signes suivants :
    • Manger beaucoup plus rapidement que la normale
    • Ressentir une distension abdominale inconfortable après avoir manger
    • Manger de grandes quantités de nourriture en l’absence de faim
    • Manger seul parce que l’on se sent gêné de manger une telle quantité de nourriture
    • Se sentir dégoûté de soi-même
  • Une détresse intense lié à cette hyperphagie
  • Une absence de phénomènes compensatoires. Ce qui explique que ce TCA est souvent associé à un surpoids ou à une obésité.

Le pica

Plus fréquent chez l’enfant, ce trouble se caractérise par l’ingestion répétée de substance non nutritive (plâtre, sable, cailloux, papier…). Ce trouble pouvant donner des symptômes potentiellement graves (douleurs abdominales, constipation, carences, occlusion, anémie, retard de croissance…), il conviendra d’en faire le diagnostic au plus vite et que l’enfant soit prise en charge par une équipe pédiatrique.

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Le mérycisme

Ce trouble est caractérisé par les aliments qui peuvent être mâchés, régurgités, remastiqués, avalés de nouveau

Enfin, la restriction ou évitement d’ingestions d’aliments et les troubles non-spécifiques sont les deux dernières catégories classifiées

Quels sont les facteurs de risque de ces troubles alimentaires ?

Si chacun de ces troubles peut avoir ses propres caractéristiques, ils ont cependant de nombreux points communs et notamment des facteurs de risque pouvant favoriser leur apparition.

Parmi ces facteurs, on retrouvera fréquemment chez les personnes souffrant d’un TCA une tendance au perfectionnisme, à l’anxiété, un trouble de la perception de l’image corporelle. Des antécédents de TCA dans la famille sont aussi des facteurs pouvant favoriser la survenue d’un trouble.

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On notera une estime de soi dépendante de l’image corporelle et qui aura pu être impactée par un surpoids dans l’enfance, une puberté précoce, un traumatisme ou une attitude parentale centrée sur leur propre image corporelle ou celle de leur enfant.

L’environnement socio-culturel, avec son idéal de minceur, a également une influence non négligeable, notamment sur des adolescents dont le corps et l’image corporelle sont en pleine évolution. Cette évolution physiologique normale implique une augmentation de la masse grasse et une augmentation des besoins énergétiques. Or, on constate que la plupart des adolescents, et surtout des jeunes filles, ont tendance à surveiller, voire restreindre leur alimentation au moment de leur puberté.

D’ailleurs, il n’est pas étonnant de constater un taux bien plus élevé de TCA chez les personnes exerçant un métier ou un sport où l’image et le poids ont une place prépondérante : danse, mannequinat, patinage artistique, sports à catégorie de poids…

Y a-t-il un élèment déclencheur du TCA ?

L’apparition d’un TCA nécessitera un contexte particulier réunissant plusieurs facteurs de risque. Cependant, bien souvent, cela aura été précédé d’une période de restriction alimentaire.

Qu’on l’appelle régime, rééquilibrage alimentaire ou encore « faire attention à ce que l’on mange », lorsque l’on s’impose cette restriction alimentaire avec l’idée de contrôler notre poids et notre silhouette, on prend le risque de rompre le mécanisme naturel de régulation.

Si le contexte réunit différents facteurs propices, le TCA s’installera, progressivement, jusqu’à avoir des conséquences pouvant être gravissimes.

Quelle prise en charge pour les Troubles du comportement alimentaire ?

Les TCA représentent la deuxième cause de mortalité prématurée chez les adolescents, juste après les accidents de la route.

Il est donc primordial de les prendre en charge, le plus rapidement possible et le plus efficacement possible.

Équipe pluridisciplinaire de praticiens

Ces troubles étant multifactoriels et entraînant de nombreuses conséquences médicales, psychologiques, nutritionnelles, sociales, le suivi sera pluridisciplinaire.

L’équipe comprendra a minima :

  • Un médecin pour le suivi somatique et les éventuels traitements médicamenteux
  • Un psychologue pour l’accompagnement psychologique et émotionnel
  • Un diététicien pour l’aspect nutritionnel et comportemental de l’alimentation

Ces trois professionnels de santé devront être formés à l’accompagnement des personnes souffrant de TCA et travailler en collaboration, avec le patient et sa famille.

Selon les dernières recommandations de la HAS, cet accompagnement pluridisciplinaire sera adapté à l’âge du patient et à l’intensité de ses troubles.

On informera le patient et sa famille sur le trouble, en le nommant, et en expliquant qu’il est venu en réponse à un mal-être.

On informera également sur les risques liés aux troubles ainsi que sur la guérison possible qu’offre une prise en charge adaptée.

Les objectifs de l’accompagnement seront également discutés avec le patient dans les différents domaines (somatique, psychologique, nutritionnel, social et familial).

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Le rôle du diététicien

L’une des conséquences des TCA, troubles du comportement alimentaire, est la dégradation de l’état nutritionnel (risque de dénutrition très sévère, carences nutritionnelles, prise de poids importante dans le cas de l’hyperphagie boulimique…).

C’est à ce niveau que le diététicien va pouvoir intervenir, en accompagnant le patient pour l’aider à restaurer un comportement alimentaire adapté. Cependant, cet accompagnement ne se résumera pas à donner des listes et quantités d’aliments à ingérer.

Il s’agira, selon le patient, son trouble du comportement, son intensité, le stade de l’évolution de ce trouble, de l’accompagner pour qu’il retrouve progressivement un comportement alimentaire adapté.

En installant une relation secure et bienveillante, en étant à son écoute et en comprenant ses peurs, le diététicien aidera, entre autres, son patient à :

  • Retrouver un rythme alimentaire
  • Limiter les crises boulimiques
  • Se nourrir suffisamment
  • Dédiaboliser les aliments
  • Réintroduire les aliments « tabous » dans l’alimentation

Aspect psychologique des troubles alimentaires

Il sera également essentiel de prendre en compte l’aspect cognitif et émotionnel. Les Thérapies Cognitivo-Comportementales sont recommandées et efficaces dans ce parcours. Cela va permettre de travailler sur la peur de grossir, sur les pensées de perfectionnisme, les pensées de contrôle (du poids, du corps).

En ce qui concerne l’accompagnement des adolescents souffrant d’anorexie, la thérapie familiale semble être la méthode la plus efficace.

La collaboration étroite avec le psychologue est évidemment un atout majeur.

Bien mené, cet accompagnement vise à améliorer l’état de santé, nutritionnel, émotionnel, psychologique, social, relationnel des patients souffrant de TCA. Il se peut toutefois que le soin ambulatoire ne soit pas pertinent ni efficace, du moins pendant un certain temps. L’équipe discutera alors avec le patient et sa famille de la meilleure solution à lui apporter.

Karine Persico – Diététicienne

FAQ : Soigner ses Troubles du Comportement Alimentaire (TCA)

Cette section répond aux questions les plus fréquentes sur l’anorexie mentale, la boulimie nerveuse, l’hyperphagie boulimique et les autres Troubles du Comportement Alimentaire (TCA).

Généralités sur les TCA

Qu’est-ce qu’un Trouble du Comportement Alimentaire (TCA) ?

Les TCA sont des pathologies psychiatriques caractérisées par une perturbation durable et significative de la relation à la nourriture, à l’alimentation et/ou à l’image corporelle. Ces troubles ont un impact grave sur la santé physique et psychique, ainsi que sur la vie sociale de la personne. Les formes les plus fréquentes sont l’anorexie mentale, la boulimie nerveuse et l’hyperphagie boulimique.

Quels sont les différents types de TCA ?

Les trois principaux types sont :

  1. L’Anorexie Mentale : Caractérisée par une restriction alimentaire sévère et volontaire, une peur intense de prendre du poids, et une distorsion de l’image corporelle (dysmorphophobie), même en cas de maigreur importante. Elle peut être restrictive ou avec crises de boulimie/conduites purgatives.
  2. La Boulimie Nerveuse : Alternance de crises d’hyperphagie (ingestion rapide de grandes quantités de nourriture avec perte de contrôle) suivies de comportements compensatoires inappropriés (vomissements provoqués, prise de laxatifs, exercice physique excessif, jeûne).
  3. L’Hyperphagie Boulimique : Caractérisée par des crises d’hyperphagie récurrentes, sans comportements compensatoires réguliers. Cela entraîne souvent une détresse psychologique et peut conduire au surpoids ou à l’obésité.

D’autres TCA existent, comme le Pica (ingestion de substances non comestibles) ou le Trouble de la prise alimentaire évitant/restrictif (TPEAR), qui ne sont pas liés à la peur de prendre du poids.

Quelle est la cause des TCA ?

Il n’y a pas de cause unique. Les TCA résultent d’une combinaison complexe de facteurs :

  • Facteurs Biologiques et Génétiques : Une prédisposition familiale peut exister.
  • Facteurs Psychologiques : Faible estime de soi, perfectionnisme, difficulté à gérer les émotions, anxiété, dépression, ou antécédents de traumatismes (abus, harcèlement).
  • Facteurs Environnementaux et Socioculturels : Pression sociale et médiatique autour de la minceur ou de « l’idéal corporel », l’isolement social, ou les régimes restrictifs. La mise en place d’un régime est d’ailleurs un facteur déclenchant fréquent.

Symptômes et Dépistage

Quels signes doivent alerter l’entourage ?

Les signes peuvent être subtils au début, mais l’apparition de l’un ou plusieurs des éléments suivants doit alerter :

  • Comportements Alimentaires Inhabituels : Tri des aliments, évitement des repas, préparation de plats pour les autres sans manger soi-même, consommation excessive de laxatifs/diurétiques.
  • Préoccupation Excessive : Obsession grandissante pour le poids, les calories, la silhouette, l’exercice physique excessif.
  • Changements Physiques : Perte ou gain de poids important et rapide, signes de dénutrition (fatigue intense, chute de cheveux, arrêt des règles chez la femme, troubles du sommeil).
  • Changements Psychologiques : Isolement, irritabilité, anxiété accrue, humeur instable, perte d’intérêt pour les activités habituelles, ou hyperinvestissement dans les études/le travail.

Comment puis-je aider un proche qui souffre de TCA ?

  1. Adoptez une approche sans jugement : Exprimez votre inquiétude de manière calme et bienveillante, en vous concentrant sur son bien-être et sa santé, plutôt que sur son poids ou son alimentation.
  2. Encouragez la Consultation : Incitez-le ou aidez-le à consulter un professionnel spécialisé (médecin traitant, psychiatre, psychologue ou équipe TCA).
  3. Offrez votre soutien : L’accompagnement familial et l’implication des proches sont souvent essentiels à la guérison, notamment via la thérapie familiale (reconnue comme efficace, en particulier chez les adolescents).
  4. Éduquez-vous : Comprendre les TCA est crucial pour pouvoir offrir le bon type de soutien.

Traitements des TCA

Quel est le traitement des TCA ?

Le traitement des TCA est toujours pluridisciplinaire (ou global), impliquant plusieurs spécialistes. Il repose sur trois piliers principaux :

  1. Le Suivi Médical et Nutritionnel : Essentiel pour rétablir et surveiller l’état physique (poids, carences, complications cardiaques) et mettre en place une rééducation nutritionnelle progressive vers une alimentation équilibrée et non restrictive.
  2. La Psychothérapie : Le cœur du traitement. Elle vise à travailler sur les causes psychologiques sous-jacentes (image de soi, gestion des émotions, anxiété).
  3. L’Accompagnement de l’Entourage : Souvent par une thérapie familiale ou de groupe.

Quelles sont les psychothérapies recommandées pour les TCA ?

Les thérapies ayant démontré la meilleure efficacité sont :

  • La Thérapie Cognitivo-Comportementale (TCC) : Elle aide à identifier et modifier les pensées et comportements dysfonctionnels liés à l’alimentation et au corps.
  • La Thérapie Familiale (TFA ou TFCAN) : Particulièrement efficace pour l’anorexie mentale chez les adolescents, elle se concentre sur les interactions familiales pour soutenir le rétablissement.
  • Autres approches : La Thérapie d’Acceptation et d’Engagement (ACT), la Thérapie Basée sur la Compassion, ou la thérapie de groupe peuvent être utilisées en complément.

Le recours à l’hospitalisation est-il nécessaire ?

L’hospitalisation est envisagée lorsque la vie de la personne est en danger, notamment en cas de dénutrition sévère (IMC très bas), de complications physiques graves (cardiaques, rénales) ou de risque suicidaire important. Elle vise à rétablir l’état physique en urgence et à initier une prise en charge intensive. Dans d’autres cas, un suivi en consultation ou en hôpital de jour est suffisant.

Existe-t-il des médicaments pour soigner les TCA ?

Il n’existe pas de traitement médicamenteux unique agissant directement sur les TCA. Cependant, des médicaments (notamment des antidépresseurs ou anxiolytiques) peuvent être prescrits pour traiter les troubles associés (ou comorbidités) tels que la dépression, l’anxiété ou les TOC, qui compliquent souvent le TCA.

Karine Persico est nutritionniste-diététicienne. Son objectif est d'accompagner ses patients vers plus d’équilibre et de sérénité. Formée pour les TCA elle accompagne aussi ses patients souffrant de troubles de l'alimentation. Le conseil pour ses patients : « Nous n’avons qu’un seul corps. Et si nous apprenions à le respecter et à le considérer avec bienveillance… »

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