Ophtalmologie

DMLA symptôme : Reconnaître les Signes Précoces pour Agir Rapidement

La Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge (DMLA) représente la première cause de malvoyance chez les personnes de plus de 50 ans dans les pays développés. Cette maladie oculaire chronique et évolutive affecte la partie centrale de la rétine appelée macula, responsable de la vision centrale et de la perception des détails.

En France, près de 1,5 million de personnes sont concernées par cette pathologie, et ce nombre devrait augmenter avec le vieillissement de la population. La DMLA peut fortement impacter l’autonomie et la qualité de vie, rendant difficiles des activités quotidiennes comme la lecture, la conduite, ou la reconnaissance des visages.

Le dépistage précoce de la DMLA constitue un enjeu majeur de santé publique. En effet, plus la maladie est identifiée tôt, plus les traitements disponibles peuvent être efficaces pour ralentir sa progression et préserver la vision. D’où l’importance de connaître et reconnaître les premiers symptômes de cette affection pour consulter rapidement un spécialiste.

Comprendre la DMLA

Qu’est-ce que la DMLA ?

La Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge est une maladie progressive qui touche la macula, zone centrale de la rétine située au fond de l’œil. Cette région, d’environ 5 mm de diamètre, est essentielle pour la vision fine des détails, la lecture, et la perception des couleurs. Elle concentre la plus grande densité de photorécepteurs, en particulier de cônes, cellules spécialisées dans la vision diurne et colorée.

Le processus dégénératif de la DMLA se caractérise par une altération progressive de l’épithélium pigmentaire rétinien (EPR), couche cellulaire qui nourrit et soutient les photorécepteurs. Avec l’âge, des déchets métaboliques appelés drusen s’accumulent entre l’EPR et la membrane de Bruch, provoquant un dysfonctionnement puis une mort cellulaire dans cette zone critique. Cette dégénérescence entraîne l’apparition d’une tache centrale dans le champ visuel (scotome) qui s’élargit progressivement.

Plusieurs facteurs favorisent l’apparition de la DMLA :

  • L’âge (principal facteur de risque)
  • Les antécédents familiaux
  • Le tabagisme (multiplie par 3 à 5 le risque)
  • L’exposition prolongée aux rayons UV
  • L’hypertension artérielle
  • Certains facteurs nutritionnels

Types de DMLA : sèche vs humide

Il existe deux formes principales de DMLA, dont les mécanismes, l’évolution et les traitements diffèrent considérablement :

La DMLA sèche (ou atrophique) représente environ 85% des cas. Elle se caractérise par une atrophie progressive de l’épithélium pigmentaire rétinien et des photorécepteurs. Son évolution est généralement lente, sur plusieurs années, mais peut aboutir à une atrophie géographique avec perte importante de vision centrale. À ce jour, il n’existe pas de traitement curatif approuvé pour cette forme, mais des stratégies pour ralentir sa progression.

La DMLA humide (ou exsudative) représente environ 15% des cas mais est responsable de 90% des pertes sévères de vision liées à la DMLA. Elle se caractérise par la formation anormale de nouveaux vaisseaux sanguins fragiles sous la rétine (néovascularisation choroïdienne), qui fuient et provoquent un œdème maculaire. Son évolution peut être rapide, en quelques semaines ou mois, nécessitant une prise en charge urgente. Des traitements efficaces existent pour cette forme.

Voici un tableau comparatif des deux formes de DMLA :

CaractéristiquesDMLA sècheDMLA humide
Fréquence85% des cas15% des cas
Mécanisme principalAtrophie progressiveNéovascularisation
Vitesse d’évolutionLente (années)Rapide (semaines/mois)
SévéritéVariable, généralement modéréeSouvent sévère
Traitements disponiblesSuppléments nutritionnels, préventionInjections intravitréennes, thérapies ciblées

Il est important de noter qu’une DMLA sèche peut évoluer vers une forme humide, d’où l’importance d’un suivi régulier. Pour trouver un ophtalmologiste spécialisé près de chez vous, consultez Doctoome.

Symptômes de la DMLA

Signes précoces à surveiller

La DMLA débute souvent de façon insidieuse, avec des symptômes qui peuvent passer inaperçus, particulièrement si un seul œil est initialement affecté. Voici les signes d’alerte précoces qu’il convient de surveiller :

  • Vision déformée : les lignes droites apparaissent ondulées ou tordues (métamorphopsies)
  • Difficulté à distinguer les détails fins, comme lire un texte ou reconnaître des visages
  • Zone floue ou trouble au centre du champ visuel
  • Diminution de la perception des contrastes
  • Besoin accru de lumière pour lire ou effectuer des tâches précises
  • Adaptation lente aux changements de luminosité
  • Perception altérée des couleurs, qui peuvent sembler moins vives

L’auto-surveillance est essentielle pour détecter ces premiers signes. Un test simple à réaliser chez soi est la grille d’Amsler, qui consiste en une grille de lignes formant des carrés avec un point central. En fixant ce point d’un œil (en cachant l’autre), puis en alternant, il est possible de détecter des déformations ou des zones manquantes dans la grille, signes potentiels de DMLA.

Il est recommandé de pratiquer ce test régulièrement, idéalement une fois par semaine, surtout après 50 ans ou en présence de facteurs de risque. Toute anomalie détectée justifie une consultation rapide auprès d’un ophtalmologiste.

Évolution des symptômes

La progression des symptômes diffère selon le type de DMLA :

Dans la DMLA sèche, l’évolution est généralement lente et progressive :

  • Stade précoce : peu ou pas de symptômes visibles, présence de drusen détectables uniquement lors d’un examen ophtalmologique
  • Stade intermédiaire : légère baisse d’acuité visuelle, besoin d’un meilleur éclairage, difficulté à s’adapter à la pénombre
  • Stade avancé : apparition d’un scotome central (tache sombre) qui s’agrandit progressivement, gêne importante pour la lecture et la reconnaissance des visages

Dans la DMLA humide, les symptômes apparaissent souvent brutalement et évoluent rapidement :

  • Métamorphopsies marquées (distorsions visuelles)
  • Baisse rapide de l’acuité visuelle centrale
  • Scotome central qui peut se développer en quelques semaines
  • Perception d’une tache sombre au centre du champ visuel
  • Dans certains cas, perception de flashs lumineux ou hallucinations visuelles (syndrome de Charles Bonnet)

Une particularité de la DMLA est qu’elle affecte principalement la vision centrale tout en préservant la vision périphérique. Ainsi, les personnes atteintes conservent généralement une certaine autonomie et peuvent continuer à se déplacer, même si les activités nécessitant une vision fine deviennent difficiles.

Il est essentiel de comprendre que la survenue brutale de symptômes visuels, en particulier une déformation des lignes droites ou l’apparition d’une tache centrale, doit être considérée comme une urgence ophtalmologique nécessitant une consultation dans les 48 à 72 heures, car elle peut signaler le développement d’une DMLA humide nécessitant un traitement rapide.

Diagnostic et Traitement de la DMLA

Processus de diagnostic

Le diagnostic de la DMLA repose sur un examen ophtalmologique complet réalisé par un spécialiste. Plusieurs examens peuvent être nécessaires pour confirmer le diagnostic et déterminer le type et le stade de la maladie :

  • Examen du fond d’œil après dilatation pupillaire : permet de visualiser directement la rétine et la macula, de détecter la présence de drusen, d’atrophie ou de néovascularisation
  • Test d’acuité visuelle (lecture de lettres sur une échelle standardisée) : évalue la vision centrale
  • Grille d’Amsler : détecte les métamorphopsies et les scotomes
  • Tomographie en cohérence optique (OCT) : technique d’imagerie non invasive qui fournit des images en coupe de la rétine avec une résolution micrométrique, permettant de visualiser les différentes couches rétiniennes et de détecter précocement des anomalies
  • Angiographie à la fluorescéine : examen avec injection d’un produit de contraste qui permet de visualiser la circulation sanguine rétinienne et de détecter les néovaisseaux
  • Angiographie au vert d’indocyanine : complémentaire de la précédente, elle visualise mieux la circulation choroïdienne
  • OCT-angiographie : technique récente combinant l’OCT et l’angiographie sans injection de produit de contraste

Le suivi régulier est fondamental dans la prise en charge de la DMLA. Pour une DMLA sèche, un contrôle tous les 6 à 12 mois est généralement recommandé. Pour une DMLA humide sous traitement, le suivi est beaucoup plus rapproché, souvent mensuel initialement.

Entre les consultations, l’auto-surveillance à l’aide de la grille d’Amsler reste essentielle pour détecter rapidement toute aggravation.

Options de traitement

Les approches thérapeutiques diffèrent considérablement selon le type de DMLA :

Pour la DMLA sèche (atrophique) :

  • Supplémentation nutritionnelle : Les études AREDS et AREDS2 (Age-Related Eye Disease Studies) ont montré qu’une combinaison spécifique d’antioxydants et de minéraux (vitamines C et E, zinc, cuivre, lutéine, zéaxanthine) peut ralentir la progression de certaines formes intermédiaires de DMLA sèche
  • Adaptation du mode de vie : Arrêt du tabac, protection contre les rayons UV, alimentation riche en légumes verts à feuilles, poissons gras et fruits
  • Rééducation basse vision : Apprentissage de techniques de compensation pour utiliser au mieux la vision restante
  • Aides techniques : Loupes, systèmes télescopiques, écrans grossissants, logiciels d’agrandissement

Pour la DMLA humide (exsudative) :

  • Injections intravitréennes d’anti-VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor) : Ces médicaments bloquent la molécule responsable de la formation des néovaisseaux. Les principaux produits utilisés sont le ranibizumab (Lucentis®), l’aflibercept (Eylea®), le bévacizumab (Avastin®, hors AMM) et le brolucizumab (Beovu®). Ces injections sont réalisées en ambulatoire, sous anesthésie locale, et nécessitent généralement plusieurs séances espacées de 4 à 8 semaines au début, puis selon l’évolution
  • Photothérapie dynamique : Technique plus ancienne, aujourd’hui moins utilisée, qui combine l’injection d’un produit photosensibilisant et l’application d’un laser sur la zone néovasculaire
  • Photocoagulation au laser : Réservée à certains néovaisseaux bien délimités et situés à distance du centre de la macula

Innovations thérapeutiques :

La recherche sur la DMLA est très active, avec plusieurs approches prometteuses :

  • Dispositifs à libération prolongée d’anti-VEGF pour réduire la fréquence des injections
  • Thérapies ciblant d’autres voies moléculaires impliquées dans la pathogenèse de la DMLA
  • Pour la DMLA sèche, molécules visant à réduire l’inflammation et l’accumulation de déchets cellulaires
  • Thérapie cellulaire par transplantation de cellules souches pour régénérer l’épithélium pigmentaire rétinien
  • Implants rétiniens et prothèses visuelles pour les stades avancés

Pour bénéficier d’un diagnostic précis et des traitements les plus adaptés à votre situation, localisez un ophtalmologiste spécialisé via Doctoome.

FAQ sur la DMLA

Comment ralentir la progression de la DMLA ?

Pour ralentir la progression de la DMLA, adoptez une alimentation riche en antioxydants (légumes verts, poissons gras, fruits), arrêtez de fumer, protégez vos yeux des UV, contrôlez votre tension artérielle et prenez les suppléments nutritionnels recommandés par votre ophtalmologiste. Un suivi médical régulier est essentiel pour adapter le traitement selon l’évolution de la maladie.

La DMLA est-elle héréditaire ?

La DMLA présente une composante génétique significative. Le risque est multiplié par 3 à 4 si un parent direct est atteint. Plusieurs gènes de susceptibilité ont été identifiés, notamment le gène CFH. Toutefois, l’hérédité n’explique pas tous les cas, et les facteurs environnementaux comme le tabagisme jouent un rôle déterminant dans le développement de la maladie.

Peut-on prévenir la DMLA ?

Il n’existe pas de prévention absolue contre la DMLA, mais certaines mesures réduisent les risques : ne pas fumer, maintenir un poids santé, consommer régulièrement des légumes à feuilles vertes, des poissons gras et des fruits, porter des lunettes de soleil protectrices, et contrôler sa tension artérielle. Un dépistage régulier après 50 ans permet d’intervenir précocement.

Quelle est la différence entre DMLA sèche et humide ?

La DMLA sèche (85% des cas) se caractérise par une atrophie progressive des cellules rétiniennes avec évolution lente sur plusieurs années. La DMLA humide (15% des cas) implique la formation de vaisseaux sanguins anormaux sous la rétine qui fuient, provoquant une baisse rapide de vision en quelques semaines. La forme humide dispose de traitements spécifiques par injections intravitréennes.

Les suppléments vitaminiques sont-ils efficaces contre la DMLA ?

Les suppléments vitaminiques formulés selon les études AREDS (vitamines C et E, zinc, cuivre, lutéine, zéaxanthine) ont démontré une efficacité pour ralentir la progression des formes intermédiaires de DMLA vers des formes avancées, avec une réduction du risque de 25%. Ils ne guérissent pas la maladie et ne sont pas recommandés en prévention primaire chez les personnes sans DMLA.

La DMLA conduit-elle toujours à la cécité ?

Non, la DMLA ne conduit pas à une cécité totale. Même à un stade avancé, la vision périphérique reste généralement préservée, permettant une certaine autonomie dans les déplacements. Cependant, la perte de vision centrale peut significativement affecter la lecture, la conduite et la reconnaissance des visages. Les traitements modernes permettent souvent de stabiliser ou ralentir la progression.

Quelles aides visuelles existent pour les personnes atteintes de DMLA ?

De nombreuses aides visuelles peuvent améliorer le quotidien : loupes électroniques, télé-agrandisseurs, logiciels d’agrandissement pour ordinateurs, applications smartphone dédiées, livres audio, montres et téléphones à grands caractères. La rééducation basse vision permet d’apprendre à utiliser la vision excentrique et ces outils. Des associations proposent également un soutien pratique et psychologique.

Conclusion

La Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge représente un défi majeur de santé publique dans notre société vieillissante. Cette pathologie, bien que ne conduisant pas à une cécité complète, peut significativement altérer la qualité de vie en affectant la vision centrale nécessaire aux activités quotidiennes.

Face à la DMLA, le message essentiel reste la vigilance et la rapidité d’action. Connaître les symptômes précoces – vision déformée, difficulté à percevoir les détails, zone floue centrale – permet de consulter rapidement un spécialiste. Cette réactivité est particulièrement cruciale pour la DMLA humide, où les traitements par injections d’anti-VEGF peuvent efficacement stabiliser la maladie s’ils sont administrés précocement.

La prise en charge de la DMLA s’inscrit dans une approche globale, combinant traitements médicaux adaptés au type de DMLA, supplémentation nutritionnelle, modifications du mode de vie et, si nécessaire, rééducation basse vision et aides techniques. Les progrès thérapeutiques récents offrent de nouveaux espoirs, notamment pour la forme sèche longtemps dépourvue de traitement spécifique.

Pour optimiser vos chances face à cette maladie, n’hésitez pas à consulter régulièrement un ophtalmologiste, surtout après 50 ans ou en présence de facteurs de risque. Doctoome vous aide à trouver un professionnel de santé spécialisé près de chez vous pour un suivi adapté à votre situation.

Chloé de Channes est rédactrice santé et écrit sur de nombreux sujets touchant au parcours de soins, aux enfants, aux maladies de peau, la santé des femmes, etc

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