Moi c'est Marina Torre Liabot, je suis psychologue en addictologie dans un XAPA, un centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie. Ces centres, présents partout en France, sont gratuits et anonymes pour ceux qui le souhaitent. Nous y accueillons des patients souffrant de tout type d’addiction, qu’elle soit comportementale ou liée à une substance, ainsi que leur entourage souvent oublié mais tout aussi important.
Témoignage

Interview de Marina Torre Liabot, psychologue en addictologie

Moi c’est Marina Torre Liabot, je suis psychologue en addictologie dans un XAPA, un centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie. Ces centres, présents partout en France, sont gratuits et anonymes pour ceux qui le souhaitent. Nous y accueillons des patients souffrant de tout type d’addiction, qu’elle soit comportementale ou liée à une substance, ainsi que leur entourage souvent oublié mais tout aussi important.

Je fais également partie d’une association où j’anime des groupes de parole pour les patients et leurs proches. J’ai aussi un compte Instagram où je parle beaucoup d’addictions et de livres.

Peu importe la substance, l’addiction suit souvent le même schéma. Une première consommation procure des effets agréables, comme l’euphorie et la confiance avec la cocaïne, stimulante et améliorant artificiellement les capacités cognitives. Cela provoque un pic de dopamine, neurotransmetteur du plaisir.

Ce pic crée un renforcement positif, motivant à reconsommer. Toutefois, ce premier pic ne sera jamais égalé, entraînant une quête vaine. Progressivement, le corps développe une tolérance, demandant des doses plus fortes et plus fréquentes, menant à la dépendance. On consomme alors non plus pour le plaisir, mais pour éviter les effets de manque — c’est le renforcement négatif.

  • Facteur environnemental : accessibilité des produits, pression sociale, contexte familial.
  • Facteur psychologique : tempérament, traumatismes, comorbidités psychiatriques.
  • Facteur génétique : vulnérabilité héréditaire à l’addiction.
  • Facteur neurobiologique : perturbation des circuits du cerveau (récompense, mémoire, motivation, contrôle).
  • Facteur développemental : impact sur le cerveau en développement (jusqu’à 25 ans).

Selon le Professeur Karila, l’addiction se définit par la présence d’au moins trois de ces critères pendant 12 mois :

  • Contrôle : perte de contrôle de la consommation.
  • Craving : envie irrépressible.
  • Comportement compulsif : impossibilité de s’arrêter.
  • Chronique : consommation répétée dans le temps.
  • Conséquences : continuation malgré les effets négatifs.

À court terme

Euphorie, concentration accrue, confiance… mais aussi anxiété, paranoïa, irritabilité à la descente du produit.

À moyen et long terme

  • Troubles cardiovasculaires : infarctus, arythmies.
  • Complications neurologiques : AVC, crises d’épilepsie.
  • Atteintes ORL ou respiratoires selon le mode de consommation.
  • Complications psychiatriques : troubles anxieux, dépression.
  • Altérations cognitives : baisse des performances intellectuelles.

Il n’existe pas de traitement médicamenteux spécifique à la cocaïne. La prise en charge repose sur :

  • Un suivi médical pour les comorbidités.
  • La psychothérapie : TCC (thérapie cognitive et comportementale), psychodynamique, thérapies systémiques.
  • Les groupes de parole : avec patients et familles.
  • Un accompagnement social : logement, isolement, difficultés financières.

Les familles jouent un rôle crucial, mais elles ne sont ni soignantes ni responsables de la guérison. Elles doivent être formées, soutenues, et informées sur la maladie. Des lieux d’écoute leur sont nécessaires pour exprimer leurs émotions et comprendre l’addiction.

Il est important d’être dans le lien, la communication bienveillante, sans jugement ni pression. Accompagner ne veut pas dire contrôler. Il est possible d’instaurer des règles claires (ex. : ne pas consommer chez soi) tout en gardant un cadre rassurant.

Certaines personnes viennent sous contrainte (justice, famille). Dans ces cas, l’approche motivationnelle est essentielle. On évalue la motivation, on informe sur l’addiction, et parfois un déclic se produit, parfois non. L’important est d’ouvrir un espace de parole sans forcer.

Il faut retenir que l’addiction est une maladie chronique, qu’on ne guérit pas forcément, mais avec laquelle on peut se rétablir. Le chemin est difficile, ponctué de rechutes, mais le rétablissement est possible avec un accompagnement médical, psychologique et social adapté.

Autres articles qui pourrait vous intéresser :

Chloé de Channes est rédactrice santé et écrit sur de nombreux sujets touchant au parcours de soins, aux enfants, aux maladies de peau, la santé des femmes, etc

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *