
IST chez la femme : symptômes, dépistage et traitements efficaces
Les infections sexuellement transmissibles (IST) constituent un enjeu majeur de santé publique, particulièrement pour les femmes. Ces infections se transmettent principalement lors de relations sexuelles non protégées et peuvent avoir des conséquences importantes sur la santé reproductive et le bien-être général.
Chez la femme, les IST présentent souvent des caractéristiques spécifiques : elles peuvent rester silencieuses pendant de longues périodes, rendant leur détection parfois difficile. Cette particularité explique pourquoi le dépistage régulier est essentiel, même en l’absence de symptômes apparents.
Les données de Santé Publique France indiquent une augmentation constante des cas d’IST ces dernières années, notamment chez les jeunes femmes de 15 à 24 ans. Cette tendance souligne l’importance de l’information, de la prévention et d’une prise en charge rapide et adaptée.
Dans cet article, nous aborderons les principales IST touchant les femmes, leurs symptômes caractéristiques, les méthodes de dépistage disponibles, les options thérapeutiques actuelles ainsi que les stratégies de prévention efficaces. L’objectif est de vous fournir des informations fiables pour mieux comprendre, prévenir et gérer ces infections.

Les IST les plus courantes chez la femme
Les infections sexuellement transmissibles peuvent être d’origine bactérienne, virale, fongique ou parasitaire. Chez la femme, certaines sont particulièrement fréquentes et méritent une attention particulière.
Infections bactériennes
La chlamydia est l’infection bactérienne la plus répandue. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), elle touche principalement les femmes de moins de 25 ans. Cette infection est souvent asymptomatique mais peut entraîner, si elle n’est pas traitée, des complications graves comme une maladie inflammatoire pelvienne (MIP), voire une stérilité.
La gonorrhée, causée par le gonocoque Neisseria gonorrhoeae, est également très répandue. Elle peut affecter le col de l’utérus, l’urètre, le rectum et même la gorge. Non traitée, elle peut également évoluer vers une MIP et affecter la fertilité.
La syphilis, bien que moins fréquente, connaît une recrudescence ces dernières années. Cette infection évolue par stades et peut, à terme, atteindre de nombreux organes. Chez la femme enceinte, elle présente un risque particulier de transmission au fœtus.
Moins connue mais tout aussi importante, la mycoplasma genitalium est une infection émergente responsable de cervicites et d’urétrites, pouvant également évoluer vers des complications pelviennes.
Infections virales
L’herpès génital, causé principalement par le virus HSV-2, se caractérise par des poussées récurrentes de vésicules douloureuses. Une fois contracté, ce virus reste présent dans l’organisme à vie, avec des périodes de latence et de réactivation.
Les papillomavirus humains (HPV) représentent l’infection virale la plus fréquente. Certaines souches sont responsables de condylomes (verrues génitales), tandis que d’autres, dites à « haut risque » (notamment les types 16 et 18), sont impliquées dans le développement de lésions précancéreuses et de cancers du col de l’utérus.
L’hépatite B, transmissible sexuellement, touche le foie et peut évoluer vers une forme chronique dans environ 5% des cas chez l’adulte. Une vaccination efficace existe et est recommandée.
Le VIH, virus de l’immunodéficience humaine, mérite une attention particulière. S’il n’est pas traité, il peut conduire au syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA). Les traitements actuels permettent toutefois de contrôler efficacement l’infection et d’empêcher sa transmission.
Symptômes et signes d’alerte des IST
La particularité des IST chez la femme est leur caractère souvent asymptomatique, ce qui complique leur détection précoce. Cependant, certains signes doivent alerter et motiver une consultation médicale rapide.
Symptômes généraux
Plusieurs manifestations peuvent suggérer la présence d’une IST :
- Pertes vaginales anormales (quantité, couleur, odeur)
- Douleurs ou brûlures lors des mictions
- Démangeaisons ou irritations génitales
- Douleurs pendant les rapports sexuels (dyspareunie)
- Saignements vaginaux anormaux, notamment entre les règles ou après un rapport
- Douleurs abdominales basses ou pelviennes
- Lésions, boutons ou ulcérations sur les organes génitaux ou autour
- Fièvre inexpliquée, fatigue inhabituelle
Signes spécifiques par type d’IST
Chaque infection présente des particularités symptomatiques :
Chlamydia et gonorrhée : Souvent asymptomatiques (jusqu’à 70% des cas), elles peuvent se manifester par des pertes vaginales jaunâtres, des brûlures urinaires, des saignements entre les règles ou des douleurs abdominales basses. La persistance de ces symptômes suggère une possible évolution vers une infection pelvienne.
Herpès génital : Il se caractérise par l’apparition de vésicules douloureuses sur les organes génitaux externes, la vulve, le vagin ou le col de l’utérus. Ces vésicules évoluent en ulcérations puis en croûtes. Le premier épisode est souvent le plus sévère, pouvant s’accompagner de fièvre et d’adénopathies inguinales (ganglions gonflés dans l’aine).
Papillomavirus (HPV) : La plupart des infections à HPV sont asymptomatiques et se résolvent spontanément. Certains types peuvent provoquer des condylomes (verrues génitales), tandis que d’autres, dits à « haut risque », peuvent entraîner des lésions précancéreuses détectables par un frottis cervico-vaginal.
Syphilis : Son évolution se fait par stades. Le stade primaire se caractérise par un chancre (ulcération indolore) qui disparaît spontanément. Le stade secondaire, quelques semaines plus tard, peut se manifester par une éruption cutanée, notamment au niveau des paumes des mains et des plantes des pieds, ainsi que par des lésions muqueuses.
Trichomonase : Cette infection parasitaire provoque des pertes vaginales jaune-verdâtres, mousseuses et malodorantes, accompagnées de démangeaisons et d’irritations vulvaires.
Dépistage et diagnostic des IST
Face à la discrétion des symptômes, le dépistage régulier est essentiel pour détecter précocement les IST, limiter leur propagation et prévenir les complications.
Méthodes de dépistage disponibles
Les techniques de dépistage varient selon l’infection recherchée :
Prélèvement vaginal ou cervical : Réalisé lors d’un examen gynécologique, il permet d’identifier les infections à chlamydia, gonorrhée, mycoplasmes et trichomonase. Ces prélèvements peuvent être analysés par culture ou par techniques moléculaires (PCR).
Frottis cervico-vaginal : Au-delà de sa fonction de dépistage du cancer du col utérin, il peut mettre en évidence des lésions liées au HPV. Le test HPV spécifique détecte la présence des types à haut risque oncogène.
Analyses sanguines : Essentielles pour le dépistage du VIH, des hépatites B et C, et de la syphilis. Pour le VIH, des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) sont également disponibles.
Auto-prélèvements : De plus en plus proposés, notamment pour le dépistage de la chlamydia et du gonocoque, ils facilitent l’accès au dépistage pour les femmes réticentes à l’examen gynécologique.
Examen direct des lésions : En cas de suspicion d’herpès génital ou de condylomes, un examen visuel peut être complété par un prélèvement pour confirmation.

Fréquence recommandée des tests
Selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) et les directives internationales, la fréquence du dépistage dépend des facteurs de risque individuels :
- Pour les femmes sexuellement actives de moins de 25 ans : dépistage annuel de la chlamydia et de la gonorrhée recommandé, même en l’absence de symptômes
- Pour les femmes ayant des partenaires multiples ou nouveaux : dépistage tous les 3 à 6 mois du VIH, de la syphilis, de la chlamydia et de la gonorrhée
- Pour les femmes ayant des relations stables et monogames : dépistage au début de la relation puis selon évaluation des risques
- Pour les femmes enceintes : dépistage systématique du VIH, de la syphilis et de l’hépatite B au premier trimestre, avec répétition potentielle pendant la grossesse selon les facteurs de risque
Le dépistage est particulièrement recommandé :
- Après un rapport non protégé
- En cas de changement de partenaire
- Si le partenaire présente des symptômes ou a été diagnostiqué avec une IST
- Après une agression sexuelle
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Traitement et prise en charge des IST
La prise en charge thérapeutique des IST dépend de l’agent pathogène en cause. Une détection et un traitement précoces sont essentiels pour éviter les complications et limiter la transmission.
Options thérapeutiques par type d’IST
Infections bactériennes
La chlamydia et la gonorrhée se traitent par antibiothérapie. Pour la chlamydia, l’azithromycine en dose unique ou la doxycycline pendant une semaine sont généralement prescrites. Pour la gonorrhée, en raison de l’émergence de résistances, les recommandations actuelles préconisent souvent une bi-antibiothérapie associant ceftriaxone injectable et azithromycine.
La syphilis nécessite un traitement par pénicilline G (benzathine pénicilline) en injection intramusculaire, dont la posologie et la durée dépendent du stade de la maladie. En cas d’allergie, d’autres antibiotiques comme la doxycycline peuvent être utilisés.
La mycoplasma genitalium répond à des antibiotiques spécifiques comme l’azithromycine ou la moxifloxacine, mais des résistances émergentes compliquent parfois la prise en charge.
Infections virales
L’herpès génital se traite par des antiviraux comme l’aciclovir, le valaciclovir ou le famciclovir. Le traitement de l’épisode initial vise à réduire la durée et l’intensité des symptômes. En cas de récurrences fréquentes, un traitement suppressif au long cours peut être proposé.
Pour les infections à HPV, il n’existe pas de traitement antiviral spécifique. La prise en charge dépend des manifestations : traitement local des condylomes (cryothérapie, électrocoagulation, laserthérapie, applications médicamenteuses) et surveillance ou traitement des lésions précancéreuses selon leur gravité.
L’hépatite B chronique peut nécessiter un traitement antiviral au long cours pour contrôler la réplication virale et prévenir les complications hépatiques.
L’infection par le VIH nécessite un traitement antirétroviral combiné à vie, qui permet aujourd’hui de contrôler efficacement la charge virale et de prévenir la transmission.
Suivi médical et précautions
Le traitement des IST s’accompagne de mesures complémentaires essentielles :
- Notification aux partenaires : Informer et traiter simultanément le(s) partenaire(s) est crucial pour éviter les réinfections (effet « ping-pong »)
- Abstinence temporaire : Il est généralement recommandé d’éviter les relations sexuelles pendant le traitement et jusqu’à la résolution complète des symptômes
- Tests de contrôle : Pour certaines infections comme la gonorrhée, un test de contrôle post-traitement est recommandé pour confirmer la guérison
- Suivi à long terme : Particulièrement important pour les infections virales chroniques comme le VIH et l’hépatite B
Des complications peuvent survenir malgré le traitement, notamment :
- Maladie inflammatoire pelvienne (MIP)
- Atteinte des trompes pouvant mener à une stérilité
- Grossesse extra-utérine
- Douleurs pelviennes chroniques
- Complications pendant la grossesse
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Prévention des IST
La prévention constitue le pilier de la lutte contre les IST. Elle repose sur des stratégies complémentaires, alliant protection lors des rapports sexuels, dépistage régulier et vaccination lorsqu’elle est disponible.
Méthodes de protection
La barrière mécanique reste le moyen de prévention le plus efficace contre la majorité des IST :
- Préservatif externe (masculin) : À utiliser systématiquement lors des pénétrations vaginales et anales. Son efficacité est optimale s’il est correctement posé avant tout contact génital et retiré avec précaution après l’éjaculation.
- Préservatif interne (féminin) : Alternative qui peut être mise en place plusieurs heures avant le rapport, offrant à la femme une autonomie dans la protection.
- Carré de latex/digue dentaire : Protection à utiliser lors des rapports bucco-génitaux ou bucco-anaux.
D’autres approches préventives incluent :
- Communication avec le(s) partenaire(s) : Dialoguer sur les antécédents d’IST et le statut sérologique avant tout rapport.
- Réduction des risques : Limiter le nombre de partenaires sexuels et éviter les pratiques à risque.
- Dépistage régulier : Se faire dépister régulièrement permet de traiter précocement d’éventuelles infections et de prévenir leur transmission.
- Prophylaxie pré-exposition (PrEP) : Pour les personnes à haut risque d’infection par le VIH, ce traitement préventif réduit significativement le risque de contamination.
- Traitement post-exposition (TPE) : En cas d’exposition à risque pour le VIH, un traitement d’urgence peut être initié dans les 48h (idéalement dans les 4h) pour réduire le risque d’infection.
Vaccination
La vaccination constitue un outil préventif majeur contre certaines IST :
Vaccination contre le HPV : Recommandée pour toutes les jeunes filles et garçons entre 11 et 14 ans, avec un rattrapage possible jusqu’à 19 ans. Elle protège contre les types de HPV responsables de la majorité des cancers du col de l’utérus, mais aussi des cancers de la vulve, du vagin, de l’anus et de l’oropharynx. Les vaccins actuels (Gardasil 9®) couvrent 9 types de HPV, dont ceux responsables des condylomes.
Vaccination contre l’hépatite B : Incluse dans le calendrier vaccinal des nourrissons, elle peut être proposée à tout âge en rattrapage. Elle est particulièrement recommandée pour les personnes ayant des comportements sexuels à risque.
Pour accéder à ces vaccinations, vous pouvez consulter un médecin généraliste, un gynécologue ou vous rendre dans un centre de vaccination. Pour trouver un professionnel de santé près de chez vous, consultez www.doctoome.com.
FAQ sur les IST chez la femme
Quelles sont les IST les plus courantes chez les femmes ?
Les infections à Chlamydia trachomatis sont les plus fréquentes, suivies par les infections à papillomavirus (HPV), la gonorrhée, l’herpès génital et la trichomonase. Le VIH et la syphilis, bien que moins fréquents, présentent des risques particulièrement graves pour la santé.
Les IST peuvent-elles affecter la fertilité ?
Oui, certaines IST non traitées, particulièrement la chlamydia et la gonorrhée, peuvent provoquer des infections pelviennes ascendantes et endommager les trompes de Fallope, entraînant une infertilité tubaire. Environ 10 à 15% des femmes ayant eu une infection à chlamydia non traitée développent une maladie inflammatoire pelvienne, et parmi elles, jusqu’à 20% peuvent devenir infertiles.
Peut-on avoir une IST sans symptômes ?
Absolument. Chez les femmes, de nombreuses IST évoluent sans symptômes apparents pendant des semaines, des mois, voire des années. Par exemple, jusqu’à 70% des infections à chlamydia sont asymptomatiques, de même que de nombreuses infections à HPV. C’est pourquoi le dépistage régulier est essentiel, même en l’absence de signes cliniques.
Comment aborder le sujet des IST avec son partenaire ?
Choisissez un moment calme, sans précipitation ni situation intime imminente. Abordez le sujet comme une démarche de santé mutuelle et non comme une accusation. Partagez vos propres résultats de dépistage et exprimez votre souhait d’une sexualité responsable. L’honnêteté et le respect mutuel sont les clés d’une communication réussie sur ce sujet sensible.
Quels sont les risques des IST pendant la grossesse ?
Les IST non traitées pendant la grossesse peuvent entraîner des complications graves : fausse couche, accouchement prématuré, rupture prématurée des membranes ou infections néonatales. La syphilis peut traverser le placenta et infecter le fœtus, le VIH peut se transmettre pendant l’accouchement, et l’herpès actif lors de l’accouchement peut infecter le nouveau-né avec des conséquences potentiellement graves.
Les IST peuvent-elles se transmettre par les toilettes publiques ?
Le risque de transmission d’IST par les toilettes publiques est extrêmement faible, voire théorique. Les agents pathogènes responsables des IST survivent généralement peu de temps hors du corps humain et nécessitent un contact direct avec les muqueuses ou le sang pour se transmettre. La transmission sexuelle directe reste la voie de contamination quasi exclusive.
Est-ce que toutes les IST se guérissent ?
Non. Les IST d’origine bactérienne (chlamydia, gonorrhée, syphilis) et parasitaire (trichomonase) peuvent être complètement guéries avec un traitement antibiotique adapté. En revanche, les IST virales comme l’herpès génital, le VIH ou l’hépatite B persistent dans l’organisme à vie. Les traitements permettent cependant de contrôler ces infections, d’atténuer les symptômes et, dans le cas du VIH avec une charge virale indétectable, d’empêcher la transmission.
Conclusion
Les infections sexuellement transmissibles représentent un enjeu majeur de santé féminine, avec des répercussions potentielles sur la fertilité et la qualité de vie. Leur prise en charge repose sur trois piliers fondamentaux : prévention, dépistage et traitement précoce.
La particularité des IST chez la femme réside dans leur caractère souvent silencieux, ce qui souligne l’importance d’un dépistage régulier, indépendamment de la présence de symptômes. Cette démarche doit s’intégrer dans un suivi gynécologique global, adapté à chaque période de vie et aux facteurs de risque individuels.
La prévention reste l’arme la plus efficace contre les IST : utilisation systématique du préservatif, vaccination lorsqu’elle est disponible, et communication ouverte avec le(s) partenaire(s). Ces mesures, associées à une bonne information et à un accès facilité aux soins, permettent de réduire significativement le risque de contamination.
Face à un doute ou après une prise de risque, n’hésitez pas à consulter rapidement un professionnel de santé. Un diagnostic précoce permet une prise en charge optimale et limite les risques de complications et de transmission.
Pour trouver un professionnel de santé spécialisé dans la santé sexuelle et le dépistage des IST près de chez vous, consultez www.doctoome.com.


