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Les envies de manger émotionnelles : comment gérer ?

ALERTE « Je mange mes émotions »

Cette fameuse phrase très répandue, souvent à connotation négative, et pourtant une manière de réagir totalement naturelle et normale.

Marion Lassagne, diététicienne psycho-comportementale en libéral, propose des consultations à son cabinet (Sérifontaine – 60) et en visio. Son objectif est d’aider ses patients à faire la paix avec leur alimentation, à retrouver leur sensation alimentaire et à se reconnecter à leur corps. 

Qu’est-ce qu’une envie de manger émotionnelle ?

Souvent, une envie de manger émotionnelle peut être déclenchée par une émotion désagréable dont on aimerait se débarrasser en mangeant (stress, ennui, colère, tristesse…) ou parfois même une émotion agréable qu’on aimerait prolonger et intensifier au travers d’une prise alimentaire.

Exemple : je suis triste > j’ai envie de manger du chocolat > je me sens mieux après l’avoir mangé

Sauf que bien souvent, la réalité est tout autre…

Est-ce mauvais de manger ses émotions ?

Non, mauvais ses émotions est un phénomène naturel, qui ne pose pas problème. Ce qui est important est la manière dont est consommé l’aliment : comment il est choisi, en réponse à quel émotion/ besoin, dans quel contexte, dans quelle quantité, dans quel état d’esprit…

Manger pour apaiser une émotion et ne trouver aucun réconfort durant ce moment, si ce n’est de l’anxiété, du stress et de la pression supplémentaire, peut devenir un problème.

C’est surtout ce schéma qui rend les prises alimentaires émotionnelles compliquées, voir compulsives. Et non le fait de manger ses émotions.

Les conséquences de la lutte contre ses envies de manger émotionnelles ?

Je suis triste > j’ai envie de manger du chocolat > je lutte pour ne pas en manger > du coup je suis encore plus triste > je craque et j’en consomme, un peu, beaucoup, trop… > je culpabilise > je suis encore plus triste qu’avant d’en manger

Et pour le coup, on est dans un cercle vicieux à connotation négative et non dans un cercle vertueux avec : besoin > réponse.

Là on est sur le schéma : besoin > évitement > réponse démesurée

En gros résumé : plus on lutte, plus la prise alimentaire sera compulsive, et donc plus cela aura un impact négatif : sur l’estime de soi, sur le rapport à l’alimentation, sur le poids…

Et comment faire alors ?

Non, pas en trouvant une autre activité pour se vider la tête. Si l’envie de manger est là, inutile de lutter contre elle, cela ne fera qu’empirer le côté compulsif de cette prise alimentaire.

Il est intéressant de se faire accompagner par un.e diététicien.ne comportementaliste et/ou formé.e dans les troubles du comportement alimentaire (TCA), pour vous aider dans cette démarche. Mais on pourra résumer que pour répondre à une envie de manger émotionnelle correctement, il vous faut :

1. Ne pas lutter contre elle (facile à dire, n’est-ce-pas ?)

On pourrait utiliser plusieurs métaphores pour imager mes propos. Mais la plus parlante sera celle du feu.

Si des étincelles démarrent dans votre cuisine, vous n’allez pas vous poser de question, vous allez les éteindre. Autrement, cela devient un grand brasier et vous risquez d’avoir du mal à l’éteindre seul(e). C’est un peu pareil pour une envie de manger émotionnelle, si vous luttez, elle va s’amplifier et vous risquez d’avoir du mal à la calmer avec juste 1 ou 2 chocolats.

2. Instaurer un cadre sécurisant durant cette prise alimentaire

Cela se travaille surtout en consultation, en fonction de vous, votre passif, votre rapport à l’alimentation et ce qui peut potentiellement vous amener de la sécurité ou de l’insécurité.

Mais dans un premier temps, commencez par :

  • Définir ce dont vous avez réellement envie de manger (et non prendre une pomme si votre envie était du chocolat)
  • S’installer dans un endroit calme, sans distraction externe (la télé ou le téléphone par exemple) pour déguster cet aliment

Concernant le reste, souvent, un suivi diététique est nécessaire.

Alors non, manger ses émotions n’est pas quelque chose de mal, tout dépend de la manière dont vous le fait, et comme tout, tout dépend le rapport que vous entretenez avec cela.

C’est un point qui se travaille, ce n’est pas évident, ni même facile, mais c’est tellement libérateur.

Et puis bon, si on peut décharger un peu notre charge mentale ce n’est pas plus mal non ?